Les clochards n’existent plus

Vendredi. Départ en week-end. Transit par la gare de Lyon. Même pas pour prendre le train mais comme point de RDV entre copains pour un départ en voiture.

J’aurais pu ne pas faire de billet. Mais ce n’est pas 1 mais 3 SDF qui m’ont successivement interpelé. Des SDF, pas des clochards… On a tous en tête l’image du marginal, vieux et vieilli par le temps, la barbe interminable, le litron de rouge à la main, et l’odeur pestilentielle qui se dégage d’un corps et de vêtements trop peu souvent lavés. Ce clochard n’existe plus. Du moins je ne l’ai pas rencontré ce vendredi…

En lieu et place, j’ai eu 3 jeunes hommes, dont rien ne m’aurait porter à croire spontanément qu’ils fussent SDF. Pourquoi ce billet d’humeur? Tout simplement parce que je pense avoir trouvé LE business profitable: la formation vente adaptée aux SDF! Pas de bonjour, pas de sourire, pas d’oeil triste et apitoyant, pas de motif appuyant la demande (« j’ai faim », « j’ai froid », « je ne peux pas payer mon loyer »…etc). Uniquement une demande, froide, directe et concise. Presque une exigence. « Vous pourriez me dépanner d’une pièce? »

Derrière le ton caustique, je ne jette aucun anathème. Je ne dénigre personne. Mais ma charité se mérite. Le charity business déploie des tonnes de séduction, de prospection, et surtout de pognon (!) pour me soutirer un maximum d’euro. Des galas médiatisés, en passant par le harponnage de rue en k-way colorés, en n’oubliant pas les shows TV. La multinationale serait plus efficace, plus humaine que « l’indépendant » qui agit pour son propre compte…!?

Je ne sais pas vous mais moi quand je ne donne pas, je me sens toujours un peu coupable intérieurement. Coupable d’être bien portant et finalement d’avoir tout (malgré la sensation perpétuelle qu’il me manque beaucoup de choses) alors qu’eux n’en voudraient au moins qu’une partie… Mais là, j’ai eu la sensation d’une claque. Pas au sens « interpellation » mais au sens « agression physique/morale. »

Donner de l’argent à quelqu’un qui m’agresse… et puis quoi encore!? Décidément, il est bien loin le clochard de mon enfance…

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