A la croisée des blogs: est-il possible de vraiment changer?

Première participation au blog-carnival « à la croisée des blogs« , organisée ce mois-ci par docG du blog En Pleine Conscience.

Ce mois-ci le thème est « Est-il possible de vraiment changer? » S’il est facile d’écrire quand on décide soi-même d’un sujet, l’exercice est plus délicat quand le commanditaire est un tiers. D’abord perplexe quant à l’étendue du questionnement puis un peu abasourdi par la naïveté dudit questionnement (ben oui, forcément qu’on peut vraiment changer, du moment qu’on l’a décidé!!…?), j’ai finalement pris un peu de recul, soufflé un grand coup et me suis décidé à aborder cela comme un exercice de style similaire à un sujet de philosophie au bac (et ça ne remonte pas à hier matin…). C’est-à-dire en choisissant un « angle d’attaque » en particulier.

Est-il possible de vraiment changer? Et si, avant de répondre à ce questionnement ou plus précisément à son subtile adverbe, on se posait la question de la volonté. Peut-on changer si on ne l’a pas décidé en quelque sorte? Et si, avant la considération de changement, on se posait la question de son utilité. A quoi ça sert de changer? Pourquoi je m’engagerais dans un tel processus? Et si, après tout, je décidais de prendre le contre-pied. Pour beaucoup « c’était mieux avant ». Dès lors, sans figer le temps, je pourrais entreprendre de subsister tel que je suis aujourd’hui. En bref, ne pas changer. Finalement…

Est-il possible de… ne pas changer!?

Je ne répondrai pas à pourquoi s’évertuer à ne pas vouloir changer, évoluer, muter. Beaucoup veulent changer et n’y parviennent pas, beaucoup ne se posent même pas la question et changent malgré eux, « à l’insu de leur plein gré (!) » Mais si moi, je décide de m’en tenir à ma condition actuelle, en ai-je la faculté?

Changement et environnement

C’est tout bonnement impossible! Si (malheureusement) beaucoup de personnes s’échinent à garder le même emploi (de merde) toute leur vie, c’est toute la société autour d’eux qui évolue, qui change, qui se modifie. L’exemple frappant est une fois de plus financier car si le niveau de vie des Français, n’a que peu évolué ces 20 dernières années, des besoins nouveaux se sont créés, responsables à eux seuls d’une part non négligeable des problèmes de pouvoir d’achat, tant « à la mode » actuellement. Et que dire de la mondialisation quand on propose à des salariés de Philips de Dreux de ne pas changer, au moins de job, à défaut de pays pour les « reclasser » en Hongrie!

Et si l’on décidait de revenir aux fondamentaux, de tout plaquer pour le Larzac et ses chèvres, d’opter pour la décroissance ou moins radicalement la simplicité volontaire, ce serait bel et bien un changement, et non un statu quo. Car changement ne signifie pas forcément « progrès sociétal » au sens où le plus grand nombre l’entend, étant donné que de plus en plus ce progrès s’oppose au « progrès de l’Homme. » Mais je m’éloigne, c’est un autre (très vaste) sujet.

Changement et pression sociale

On peut éventuellement refuser la course à la consommation qui nous fait « changer » nos objets grâce à une obsolescence sans cesse supérieure à leur vétusté (et ce malgré des qualités de fabrication intrinsèque de pire en pire), mais qu’en est-il de notre rôle dans la cité et parmi les autres? A mon âge, mon père avait déjà deux enfants. Je ne me considère plus dans la fameuse tranche « jeune » depuis que des plus jeunes m’appellent « monsieur » (pour me laisser la place dans le bus, il y a encore du boulot, déjà qu’ils ne la cèdent pas aux (vrais) vieux messieurs…).

Mes premières rides apparaissent, mes parents deviennent des seniors, moins alertes, et ma grand-mère dans un élan d’immuabilité, se demande toujours quand je me déciderai à me laisser passer la corde au cou. En parallèle, les potes sont presque tous mariés et les couples dont je suis l’ami ont presque tous mis bas. J’en viens à espérer les premiers divorces pour enfin jouir à nouveau de ma vie non changeante.

La pression sociale est sans doute le plus pénible à vivre car même si on décide soi-même de ne pas changer, cette socialité se rappelle à nous telle une grande gifle. Ou non, plutôt un grand coup de pied aux fesses qui nous sommerait d’avancer, de changer…

Changement et temps

L’équation temps + changement a cette immense vertu de combattre naturellement la procastination. Remettre à demain est une possibilité qu’on pourrait qualifier de profitable au non-changement car ne pas faire quelque-chose équivaut à ce que le statu quo prime. Mais cette équation est fausse… Le temps est une variable qui évolue, qu’on ne peut pas figer. Dès lors contre-carrer cette variable reviendrait par exemple pour ne pas varier de sa position à se déplacer – donc de changer (d’emplacement en l’occurrence dans ce cas) – puisque la Terre elle, elle tourne: ne rien faire, c’est évoluer avec elle, statique mais évoluer quand même…

Changement et… obligation de changement

La conclusion s’impose comme une évidence: ne pas changer, en dépit d’un volonté farouche de ne pas changer justement, est très très difficile. Mais que les conséquences directes semblent prometteuses:

  • S’affirmer dans le non-changement revêt le goût des valeurs, de l’éthique. La société change, évolue mais persévérer dans la galanterie, dans l’éducation sévère (par opposition au copinage) des enfants, dans la culture du beau geste sportif, du fairplay…etc. Tout cela demande des efforts, parfois rudes au sein d’une société qui évolue à tâtons, dans sa propre recherche d’elle-même.
  • Puisque nous sommes « condamnés » à changer, autant prendre le taureau par les cornes et engager un processus de changements positifs, basés sur le leadership de sa propre vie plutôt que de laisser les autres décider pour soi, non?
  • Si nous connaissons les freins au changement, pourquoi ne pas en faire une force? Par exemple, étant donné que nous sommes immergé dans une société capitalistique basée sur le fric, plutôt que d’y jeter l’anathème ou encore s’interroger sur les moyens de partager les richesses (chose ubuesque: les citoyens ne font pas (plus) évoluer par eux-même leur cité, fut-ce dans une démocratie), pourquoi ne pas s’interroger sur les moyens de s’enrichir soi-même (ce qui n’exclut pas de le faire avec humanisme!)?

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